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Nucléaire: compte à rebours vers le rétablissement des sanctions contre l'Iran
information fournie par AFP 27/09/2025 à 15:30

Une femme marche à côté d'un missile désactivé et devant un portrait géant du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, à Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

Une femme marche à côté d'un missile désactivé et devant un portrait géant du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, à Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

Les sanctions de l'ONU contre l'Iran seront formellement rétablies samedi soir après l'échec des négociations avec les Occidentaux, qui réclament des gages sur son programme nucléaire, le président iranien fustigeant une exigence américaine de céder "tout" l'uranium enrichi.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60%) proche du seuil technique de 90%, nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.

Téhéran se défend d'avoir de telles ambitions sur le plan militaire mais insiste sur son droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour produire de l'électricité.

L'accord sur le nucléaire (JCPOA) conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances plafonnait ce taux à 3,67%.

D'après l'AIEA, l'Iran dispose d'environ 440 kilos d'uranium enrichi à 60%, un stock qui, s'il était enrichi jusqu'au niveau de 90%, permettrait au pays de se doter de 8 à 10 bombes nucléaires, selon des experts européens.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a affirmé samedi que les Etats-Unis avaient exigé de l'Iran de lui remettre "tout" son uranium enrichi en échange d'une prolongation pour trois mois d'une suspension des sanctions, qualifiant cette requête d'"inacceptable".

"Ils veulent que nous leur cédions tout notre uranium enrichi", a déclaré à la télévision d'Etat M. Pezeshkian avant de s'envoler pour Téhéran, depuis New York où il a assisté à l'Assemblée générale de l'ONU.

Le président iranien Massoud Pezeshkian lors de l'Assemblée général de l'ONU, le 24 septembre 2025 à New York ( AFP / ANGELA WEISS )

Le président iranien Massoud Pezeshkian lors de l'Assemblée général de l'ONU, le 24 septembre 2025 à New York ( AFP / ANGELA WEISS )

"Dans quelques mois, ils auront une nouvelle exigence et diront (de nouveau) qu'ils veulent rétablir le snapback", a ajouté le président iranien, en référence au mécanisme de rétablissement des sanctions onusiennes qui entrera en vigueur sauf rebondissement dans la nuit de samedi à dimanche.

- Crainte d'une nouvelle guerre -

Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, groupe de pays appelés E3, ont déclenché fin août ce dispositif qui permet dans un délai de 30 jours de rétablir les sanctions levées en 2015 après l'accord sur le nucléaire iranien.

Après le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU et l'échec vendredi de la Russie et de la Chine à repousser la date butoir, de lourdes sanctions, allant d'un embargo sur les armes à des mesures économiques, seront rétablies dans la nuit de samedi à dimanche, sauf coup de théâtre de dernière minute.

En protestation, l'Iran a rappelé samedi "pour consultations" ses ambassadeurs en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, selon la télévision d'Etat.

Une Iranienne fait des courses au Grand Bazar de Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

Une Iranienne fait des courses au Grand Bazar de Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

"La situation (économique) actuelle était déjà très difficile mais elle va empirer", redoute Dariush, qui préfère taire son patronyme.

"L'impact du retour des sanctions est déjà évident: le taux de change (du dollar face à la monnaie nationale, le rial) augmente, et cela entraîne une hausse des prix" des biens de consommation, déclare à l'AFP cet ingénieur de 50 ans, qui déplore un niveau de vie "bien inférieur" à ce qu'il était "il y a deux ou trois ans".

Samedi, un dollar s'échangeait au marché noir contre environ 1,12 million de rials, un niveau record, selon plusieurs sites de suivi des changes. Un journaliste de l'AFP a constaté une affluence inhabituelle au Grand bazar de Téhéran dans les bijouteries pour acheter de l'or, valeur refuge.

Des Iraniennes devant la vitrine d'une bijouterie dans le Grand bazar de Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

Des Iraniennes devant la vitrine d'une bijouterie dans le Grand bazar de Téhéran le 27 septembre 2025. ( AFP / ATTA KENARE )

"La plupart des gens craignent une nouvelle guerre à cause du snapback", ajoute Dariush, en allusion aux frappes israéliennes et américaines en juin durant 12 jours contre l'Iran.

- "Gestes concrets" -

Des réunions au plus haut niveau se sont multipliées toute la semaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York pour tenter de trouver une solution diplomatique.

Mais le trio européen a jugé que Téhéran n'avait pas fait les "gestes concrets".

Les Européens avaient posé trois conditions: reprise des négociations avec les Etats-Unis; accès des inspecteurs de l'AIEA sur les sites nucléaires sensibles de Natanz, Fordo et Ispahan, bombardés en juin par Israël et les Etats-Unis; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.

La Russie et la Chine ont proposé, sans succès, vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU de prolonger de six mois l'accord sur le nucléaire iranien qui expire le 18 octobre, afin de donner plus de chances à la diplomatie.

Le processus d'enrichissement de l'uranium par centrifugeuse ( AFP / Tupac POINTU )

Le processus d'enrichissement de l'uranium par centrifugeuse ( AFP / Tupac POINTU )

En 2015, France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Russie et Chine avaient conclu avec Téhéran un accord, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée des sanctions.

Les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, ont décidé en 2018 de s'en retirer et de rétablir leurs propres sanctions.

L'Iran s'est ensuite affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium.

"L'Iran n'a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer une bombe atomique. Nous ne voulons pas d'armes nucléaires", a affirmé cette semaine à la tribune de l'ONU le président iranien.

9 commentaires

  • 17:35

    La volonté des peuples c est une galéjade surtout en Occident ... suffit de regarder les francais , les allemands ou meme les anglais qui sont souvent dans la rue ... que les médias stigmatisent et diabolisent ... perso je suis en accord avec Coluche ... "Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit" ... pour l instant en Occident vu que la population vote parfois mal ... on se contente d ecarter certains candidats


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